ETUDES
Juillet 1889 : bachelier ès Lettres sans mention mais Prix
d'honneur de dissertation française (il a 18 ans)
Juillet 1893 : licencié en droit et diplômé de l'Ecole Libre des
Sciences Politiques (il a 22 ans)
Mars 1895 : licencié en philosophie (il va avoir 24 ans)
CULTURE
Fils de l'actrice Réjane et ami de Proust, Jacques Porel écrira :
" Le mot culture ne convenait pas à Proust. Il avait une immense
connaissance de tout. Impossible d'être moins didactique, moins
prévu dans ses observations. Impossible de vous intéresser
davantage à la personne ou à l'oeuvre d'un grand homme.
Proust savait tout mais son point de vue n'avait subi aucune
des déformations de l'érudition. Il était simple comme
un innocent, ou prétendait l'être. "
Marcel PROUST a lu, entre autres, entre beaucoup d'autres ...
Huysmans, Carlyle, Emerson, Ruskin, Barrès, Renan, George Eliot,
Walter Scott, Byron, Musset, Bossuet, Walter Pater, Shakespeare,
Volney, Augustin Thierry, Les Goncourt, Vigny (qu'il admire),
Sophocle, Euripide, Xénophon, Virgile, Villehardouin, Boccace,
Platon, Stuart Mill, Taine, Schopenhauer, Dante, Pascal, Racine,
Saint-Simon, Flaubert, Maupassant (qu'il n'aime pas), Balzac,
Stendhal, Molière, Anna de Noailles, Buffon, Baudelaire, Hugo,
Gautier, Goethe, Lemaître, Bourget, Anatole France, Péguy, etc.
à peu près 380 écrivains et quantité d'ouvrages de psychologie,
de philosophie, et de médecine.
Il a aussi, et c'est peut-être encore plus remarquable compte
tenu de son état de santé et de son emploi du temps atypique,
une parfaite connaissance de tout ce qui se publie en France
à son époque, prose romanesque, poèsie, essais, théâtre,
philosophie, etc.
Il connaît la peinture et cite 250 peintres dans l'ensemble
de son oeuvre.
Il a rédigé des articles importants et des notes (posthumes) sur
Rembrandt, Watteau, Monet, Chardin. Jusqu'à la fin de sa vie il
restera curieux des artistes qu'il ne connaît pas encore : en 1921,
Gautier-Vignal l'emmène chez Madame Ezzarusis voir des tableaux
de Picasso qu'il appréciera beaucoup.
Il aime beaucoup la chanson populaire (Mayol, Paulus, Fragson,
Yvette Guilbert), la musique classique, l'opéra et l'opérette, joue
parfois du piano et, cloîtré dans sa chambre, écoute des concerts
en direct grâce à son éphémère abonnement au théâtrophone.
Il est parfaitement au courant de tout ce qui se joue et se compose
à son époque et, au cours de discusions animées, confronte ses
points de vue avec ceux de Reynaldo Hahn.
Il a écrit sur la musique aussi pertinemment que sur la peinture.
" EMPLOIS "
Octobre 1893 : stage de 15 jours comme clerc d'avoué chez
Maître Gustave Brunet.
6 juin 1895 : "travaille" à la Bibliothèque Mazarine, la matinée
de ce jour-là seulement ...
Marcel PROUST n'a jamais occupé d'emploi salarié (donc pour
"gagner" sa vie) et les revenus tirés de sa plume furent, même à
l'apogée de sa gloire tardive, aléatoires ou insuffisants pour vivre.
Il a vécu des revenus de la fortune considérable dont il a hérité de
ses parents, fortune qu'il a rapidement malmenée
en "investissements" boursiers très spéculatifs, ne choisissant
que des valeurs étrangères dont la sonorité exotique du nom
le séduisait, en séjours très onéreux au Grand Hôtel de Cabourg
(où il jouait au casino par personne interposée, et bien sûr,
perdait des sommes importantes).
Editant à compte d'auteur, rémunérant largement une domesticité
parfois pléthorique, distribuant des pourboires colossaux, offrant
à ses amis et relations des dîners au Ritz et de
somptueux cadeaux, généreux à l'excès mais, pour ce
qui le concernait directement, ne dépensant, non par avarice
mais par conviction ou désintérêt, que le minimum. Il se croira
plusieurs fois ruiné ...
Pierre HENRY